L’étude des bois archéologiques a démarré il y a plus de dix ans en collaboration avec ARC-Nucléart. Les bois ayant longtemps séjourné dans l’eau présentent des dégradations sélectives : les hémicelluloses sont dégradées en premier puis les celluloses de manière plus ou moins importante alors que les lignines demeurent très résistantes. La technique utilisée est la mesure du temps de relaxation des protons T1ρH, à partir des spectres RMN du
13C enregistrés en phase solide. T1ρH peut être considéré comme caractéristique d’un ensemble de protons appartenant à un même système de spins en couplage dipolaire fort. Ainsi pour un mélange de deux polymères on retrouve les T1ρH de chaque polymère analysé séparément ; en revanche s’ils forment un alliage moléculaire on mesure un T1ρH spécifique.
C’est ainsi que nous avons montré pour la première fois que le PEG interagit au niveau moléculaire avec les fibrilles de cellulose, « remplaçant » les hémicelluloses et rétablissant ainsi les propriétés dynamiques du réseau moléculaire endommagé de la paroi cellulaire. Ensuite, les imprégnations successives augmentent la concentration en PEG dans le bois. Plus éloigné des polymères résiduels du bois, ce PEG est moins bien retenu. Par ailleurs, compte tenu de son affinité pour l’eau (humidité ambiante), il peut être exsudé du matériau archéologique, même longtemps après la restauration des objets. Ceci est extrêmement dommageable pour une présentation dans un musée. Nous concluons qu’il est inutile d’utiliser des solutions d’imprégnation en PEG de concentration supérieure à 10 % dans le cas de bois archéologiques peu dégradés.
Aspects morphologiques des bois archéologiques imprégnés de solutions PEG 4000 de concentrations croissantes (% poids de PEG : eau, w : w). Les fortes exsudations blanches qui apparaissent à la surface du bois à des concentrations de PEG supérieures à 10% illustrent la présence de PEG non-interactif à l'intérieur du bois.